Thrips (bêtes d’orage) : identifier, prévenir et s’en débarrasser naturellement

Les thrips, aussi appelés bêtes d’orage, sont des insectes minuscules (ce sont les plus petits insectes ailés dans le monde) qui appartiennent à la famille des Thysanoptères (Thrysanoptera) qui infestent les plantes et causent des dommages parfois considérables. Selon mon expérience, les thrips sont encore plus coriaces et difficiles à éradiquer que les araignées rouges ! Heureusement, des traitements naturels préventifs ou curatifs permettent de lutter contre. Découvrez comment repérer les thrips et protéger vos plantes.

Comment savoir si ma plante a des thrips / bêtes d’orage ?

Les plantes les plus touchées par les thrips

Parmi les plantes les plus courantes dans les intérieurs, les thrips ADORENT les monsteras : monstera deliciosa, monstera adansonii, monstera variegata (qui est encore plus fragile), mais sont aussi friands des calatheas et des anthuriums. A chaque infestation de thrips que j’ai pu avoir, le monstera était toujours la plante touchée en premier, c’est en quelque sorte celle qui montre la voie aux thrips.

D’autres plantes d’intérieur comme les alocasias ou les syngoniums sont en revanche moins appréciées par les thrips, je n’en ai jamais vu sur mon alocasia dragon scale qui est pourtant à côté de mon monstera.

Comment identifier les thrips ?

Il est difficile de repérer les thrips : contrairement aux araignées rouges qui laissent des toiles visibles à l’œil nu, les thrips sont semblables à de tout petits grains de riz jaunâtres (entre 1 et 2 mm) et se cachent souvent à l’arrière des feuilles. Les thrips se déplacent lentement au stade larvaire, ce qui rend leur détection d’autant plus compliquée. Les larves ont tendance à se regrouper sur une zone de la feuille, mais elles peuvent aussi s’éparpiller sur la plante.

Les thrips adultes sont, quant à eux, davantage visibles de par leur couleur noire et leurs déplacements plus rapides. Les thrips adultes développent également des ailes et volent sur de courtes distances.

Selon leur espèce, les thrips vivent entre 2 semaines et 2 mois

Les symptômes d’une présence de thrips varient selon les plantes. Le plus souvent, le feuillage devient jaune sur toute la feuille, des petites tâches noires sont parsemées sur la feuille infestée (il s’agit de leurs excréments) et les nouvelles feuilles naissent déformées et s’assèchent.

Concrètement, si votre plante a une mauvaise tête et que l’arrosage ne semble pas être la source du problème, observez de près les feuilles abîmées afin de voir si des thrips s’y trouvent.

Quels dégâts provoquent les thrips ?

Un monstera adansonii après une attaque de thrips

Sur les plantes d’intérieur, les thrips vont se nourrir en suçant les cellules des plantes, à tous les stades (larvaire et adulte). C’est à ce moment qu’apparaissent les décolorations, tâches grises ou zones sèches sur les feuilles touchées.

Selon le niveau d’infestation, le végétal peut ne pas survivre à une attaque de thrips. Des plantes fragiles comme les anthuriums ne résistent pas longtemps face à eux. Dans tous les cas, toute feuille infestée est bonne à être coupée, ne serait-ce que pour les dégâts esthétiques irréversibles, mais surtout pour éliminer tout thrips qui s’y cacherait.

Comment se débarrasser des thrips dans la maison ? Les traitements naturels et biologiques

On en vient à la partie intéressante : vous avez identifié une attaque de thrips sur votre plante, voici les solutions naturelles et bio pour s’en débarrasser !

En cas de faible attaque : le savon noir

Avant tout traitement, la première chose à faire est de laver votre plante au pommeau de douche. L’eau permet d’éliminer facilement une partie des thrips.

Ensuite, le savon noir est une solution bio qui permet de lutter contre les thrips : il tue l’insecte par asphyxie en obstruant ses voies respiratoires. Diluer 4 cuillères à soupe de savon noir dans 1L d’eau et pulvériser de préférence le soir (lorsque les thrips sont moins actifs) sur tout le feuillage. Attention, les thrips se cachent sur les feuilles, les tiges et dans le terreau. Pour être efficace, il est indispensable d’appliquer aussi le mélange à la main, muni de gants et d’une éponge en frottant chaque feuille, une à une… Il faut recommencer l’opération chaque semaine jusqu’à disparition complète des ravageurs. Courage !

En cas d’attaque modérée à forte : les insectes prédateurs bénéfiques, l’ail et l’huile de neem

Les insectes prédateurs, notamment les acariens Amblyseius Cucumeris ou Swirskii, Orius Laevigatus (minuscules punaises) et Chrysopes, permettent de lutter efficacement contre les thrips, c’est la solution que je privilégie dès l’apparition de thrips. Le prédateur le plus courant en intérieur est l’Amblyseius cucumeris, minuscule acarien bénéfique qui dévore les thrips au stade larvaire. Les punaises du genre Orius et les Chrysopes sont plutôt utilisés pour les cultures de plantes en serre : ces insectes prédateurs volent et ont tendance à s’éparpiller. Ces deux derniers prédateurs mangent les thrips au stade larvaire et adulte.

Amblyseius Cucumeris

L’ail est un excellent répulsif qui s’avère être aussi insecticide. On peut réaliser soi-même sa décoction d’ail en laissant tremper des gousses d’ail 12 heures dans de l’eau, puis en portant le mélange à ébullition avant de le filtrer. J’utilise personnellement un macérât huileux d’ail à l’huile de colza qui a prouvé son efficacité : l’ail mélangé à l’huile asphyxie les thrips et crée un milieu répulsif hostile pour prévenir l’apparition de thrips. L’ail est également fongicide : il débarrasse au passage vos plantes de potentiels champignons et moisissures.

Pour l’utilisation, diluer le macérât d’ail dans de l’eau et pulvériser sur toutes les plantes infestées, maximum 3 fois par semaine. Pour ma part, 2 pulvérisations ont suffit à traiter mes plantes. Là aussi, il est recommandé de nettoyer à la main chaque feuille, pour bien traiter chaque recoin de la feuille qui pourrait échapper à une simple pulvérisation.

Enfin, l’huile de neem est une alliée redoutable, notamment lorsqu’elle est mélangée à une décoction d’ail. Cette huile végétale issue du margousier à l’odeur indescriptible est un insecticide reconnu. Cette substance tue également les thrips par asphyxie et crée un milieu répulsif de par son odeur et la couche huileuse qu’elle laisse à la surface des feuilles. En plus, l’huile de neem fait briller le feuillage et le rend plus beau !

Margousier (Azadirachta indica)

Attention à ne pas multiplier les traitements : si vous utilisez des insectes prédateurs, les pulvérisations d’ail ou d’huile de neem sont à proscrire, ou bien à espacer de quelques semaines, car elles sont également nocives pour les insectes bénéfiques.

Autre solution, les pièges collants bleus : cette solution moins répandue vise uniquement les thrips adultes, lorsqu’ils sont noirs et ailés. Ils sont attirés par la couleur bleue du piège, et se retrouvent englués et piégés sur la surface collante.

Thrips collés sur un piège bleu

En cas d’infestation de thrips forte : le spinosad et l’imidaclopride, en granulés ou sous forme de liquide

Thrips noirs adultes bien visibles

Si vos plantes subissent une grosse infestation de thrips, dont des thrips au stade adulte, les traitements curatifs précédents peuvent ne pas suffire. Pour éradiquer les thrips, deux insecticides sont 100% efficaces : les insecticides à base de spinosad ou à base d’imidaclopride.

Le spinosad est une substance active insecticide issue d’un produit fermenté dérivé du mélange de deux toxines : spinosyne A et D. Le spinosad agit comme une neurotoxine et va tuer les thrips (oeufs, larves et adultes) par contact et par ingestion, en provoquant une excitation de leur système nerveux, puis une paralysie. En 2-3 jours, les insectes meurent.

L’imidaclopride est un autre pesticide puissant neurotoxique utilisé depuis les années 90, tout autant efficace, dont l’action est similaire au spinosad.

Ces insecticides se présentent sous forme de granulés ou de liquide, à diluer dans de l’eau (respecter le dosage indiqué sur l’étiquette du produit) et à arroser au pied de chaque plante. Une ou deux applications suffisent.

Ces deux insecticides doivent être utilisés avec précaution, en portant des gants et en faisant attention aux animaux de compagnie à proximité qui peuvent entrer en contact avec. A noter : le spinosad et l’imidaclopride tuent également d’autres insectes, chenilles et larves, mais aussi les insectes bénéfiques. Il ne faut pas introduire d’insectes bénéfiques lors d’un traitement insecticide.

Insecticide systémique, translaminaire ou non-systémique : les différents modes d’action

Je vous conseille d’opter pour un insecticide systémique : le produit est absorbé par les racines lors de l’arrosage et se diffuse progressivement dans toutes les cellules de la plante par le système vasculaire, jusqu’à la pointe des feuilles, mais aussi dans le terreau qui l’entoure. Les insectes meurent ainsi par contact direct avec la plante. Dans le cas des thrips, l’insecticide systémique a l’avantage d’éradiquer un cycle de reproduction entier et protège efficacement les plantes. Les produits systémiques sont toutefois déconseillés sur de larges cultures en extérieur afin de ne pas surcharger le sol en produit actif et de ne pas nuire aux insectes bénéfiques.

Les insecticides translaminaires, quant à eux, pénètrent dans les tissus de la plante sans être redistribués. Ce type de produit a une action plus locale, à réserver plutôt pour les pulvérisations sur les feuilles.

Enfin, les insecticides non-systémiques restent uniquement sur la surface des tissus, sans pénétration. Ces produits agissent localement et s’évaporent avec le temps.

Comment prévenir l’apparition de thrips ?

Les thrips sont attirés par les milieux secs et chauds : une pulvérisation régulière de ses plantes, voire investir dans un humidificateur d’air permettent d’augmenter le taux d’humidité ambiant.

Cela ne suffit pas toujours à éviter une attaque de thrips. L’autre bon geste de prévention est l’observation : si une plante a mauvaise mine, cela peut être le signe d’un ravageur. Traitée tôt, une infestation a moins de chances de se développer et de toucher vos autres plantes.

Autrement, les acariens prédateurs bénéfiques peuvent aussi être utilisés en prévention, à l’approche de l’été par exemple où l’air est plus sec et chaud, climat favorable à l’apparition de thrips.

Comment viennent les thrips sur les plantes ?

Les thrips peuvent atterrir de plusieurs façons chez soi. Présents en extérieur, ils peuvent s’accrocher à des vêtements et affaires ou à un animal domestique. Ils apprécient les milieux chauds et secs, nos intérieurs et les serres sont les parfaites cibles. Il ne leur reste ensuite plus qu’à envahir la plante la plus proche et à se reproduire via la ponte d’œufs par les femelles (jusqu’à 12 générations par an) !

Aussi, les thrips peuvent être déjà présents dans une plante que l’on vient d’acheter, voire même des fleurs fraîches coupées du marché. C’est ce qui m’est arrivé après avoir acheté un sublime bouquet de pivoines… infesté de thrips, qui se sont répandus chez moi.

En effet, les thrips se reproduisent très vite et envahissent facilement les plantes à proximité. Si une plante d’intérieur est touchée, il y a de fortes chances que celles à côté contiennent aussi des thrips.

Bonne chance dans votre lutte, n’hésitez pas à partager vos autres astuces en commentaire !

Images : Flickr, Unsplash

2 réflexions sur “Thrips (bêtes d’orage) : identifier, prévenir et s’en débarrasser naturellement”

  1. Merci pour cet article ! Je vais tenter le savon noir et l’huile à l’ail … J’espère que ça suffira pour débarrasser ma monstera des thrips.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *